Ces jours-ci, je suis plongée dans la lecture du dernier ouvrage d’Anna Gavalda (un de mes auteurs fétiches), Fendre l’armure.
Rien que le titre, déjà, évoque en moi l’idée de rompre avec quelque chose, de libérer une force, une beauté emprisonnée. Un titre qui fait écho aux armures des preux chevaliers d’une époque lointaine et féerique, armures que l’on porte soi-même aujourd’hui, pour se protéger des coups durs de la vie, ou du monde qui nous entoure…
Fendre l’armure, d’un coup violent, tranchant, bref mais efficace. Y aller comme on arrache un pansement, et observer ce qui se trame, finalement, sous ce bouclier.
J’ouvre donc ce recueil de nouvelles comme j’ouvrirais la porte de chez moi, avec confiance et bonheur, car après avoir lu Ensemble, c’est tout et La Consolante, j’ai une petite idée de ce à quoi m’attendre (quoique)… Je retrouve des personnages que je connais bien, des caractères qui me sont familiers, des âmes brisées, des cœurs cabossés, des vies simples et pourtant si exceptionnelles… Je retrouve ces personnages comme de vieux amis, avec leurs émotions enfouies, de celles que l’on garde juste pour soi et qu’on trimbale à droite à gauche toute notre vie. Je retrouve les rues de Paris, ces petites ruelles que je connais si bien, dans le 19e, et puis la banlieue, plus ou moins proche. Je retrouve des cafés où je suis allée, celui de la Sorbonne, des appartements qui me rappellent celui où je vivais, il y a quelques années. Je retrouve une atmosphère mi-figue, mi-raisin, où on ne sait jamais vraiment ce qui va arriver. Et puis, quelle surprise à la fin!
Je retrouve tout cela, et j’aime bien.
Ça vous parle? Alors je vous laisse découvrir ces petites brèves de vies, croquées sur le vif, comme des instants fugaces qui nous marquent (surtout “Happy Meal” en ce qui me concerne). Je vous laisse avec cette écriture franche et directe, parfois tranchante, qui blesse, mais qui, finalement, touche souvent juste.
Je vous laisse pleurer avec Mathilde sur le “canapé Oum-Popotte” de son amie qu’elle vient tout juste de rencontrer, je vous laisse compter vos “points de vie” avec ce père de famille qui fait d’une journée le bilan de sa vie, je vous laisse tomber en amour de la plus belle personne qu’il vous ai été donné de rencontrer, je vous laisse écouter ces histoires que l’on porte tous en nous et qui façonnent nos armures jusqu’au jour où quelqu’un, quelque chose, parvienne à entrevoir la lumière au travers.
Je vous laisse percevoir la beauté à travers toutes ces fissures.
Crédit photos: Sabrina Lucas
Références: Anna Gavalda, Fendre l’armure, le dilettante, 2017