Pourquoi déscolariser son enfant?

Pourquoi déscolariser ses enfants?

Unschooling vous avez-dit ?

Mais voyons donc! Comment ça, vos enfants ne vont pas à l’école?

Oui. Mes enfants ne vont pas à l’école. Ils ne se lèvent pas le matin aux aurores pour prendre le bus et passer la journée enfermés entre les quatre murs d’une classe et la clôture de la cour de récré. Je ne leur prépare pas non plus de lunch, de collations “santé” et ne glisse pas de petits mots dans leur boîte à lunch. Ils ne reviennent pas avec des devoirs à faire à la fin de la journée, des notes de leur professeur qui évalue leur travail, s’il est bien ou mal fait. Nous ne courons pas non plus aux activités extra-scolaires pour les occuper et faire en sorte qu’ils dépensent cette énergie si bien contenue…

Pourtant… ils apprennent. Mais autrement.

Unschooling ne veut pas dire non-instruction. Bien au contraire. Cela veut simplement dire qu’ils ne reçoivent pas l’instruction dispensée par le modèle éducatif traditionnel. Thierry Pardo pose à juste titre cette question dans son ouvrage Une éducation sans école :

“Pourquoi en sommes-nous arrivés à croire que l’éducation de nos enfants devait relever de la responsabilité de l’Etat?”.

En effet, comme il existe de multiples peuples, de multiples croyances religieuses, de multiples choix alimentaires… il existe de multiples façons d’instruire son enfant. Nous avons le choix de l’inscrire à l’école publique, dans une école privée, une école alternative ou bien encore de faire l’instruction en famille.

Ce que dit la Loi

Au Québec, la loi sur l’instruction publique stipule que :

« 15. Est dispensé de l’obligation de fréquenter une école l’enfant qui : 4. reçoit à la maison un enseignement et y vit une expérience éducative qui, d’après une évaluation faite par la commission scolaire ou à sa demande, sont équivalents à ce qui est dispensé ou vécu à l’école. » (article 15, paragraphe 4).

Comme en France, l’école n’est pas obligatoire, c’est l’instruction qui l’est. Il est important de faire la différence. Le rôle des parents est de prendre soin de leurs enfants et de leur apporter toute l’instruction dont ils ont besoin pour grandir et prendre place au sein de la société.

Changer notre regard, changer de paradigme

Depuis la naissance de ma fille, il y a 9 ans, j’ai eu le sentiment qu’avoir un enfant impliquait une lourde responsabilité et un devoir de m’investir. J’avais à cœur de lui apporter ce qu’il y a de mieux, comme tous les parents. J’ai fait des choix différents, déjà, de ceux pré-établis, en matière de maternage. Des choix qui se sont confirmés avec l’arrivée de mes deux autres enfants. À partir de ce moment-là, comment poursuivre avec un modèle que je considère désuet et plus du tout adapté à notre réalité du XXIè siècle? Nous n’avons qu’à faire le constat : les téléphones ont évolué, les ordinateurs, les voitures, la technologie… mais notre système éducatif, lui, ne change pas. Ce sont toujours les mêmes classes, depuis les années 1930, standardisées, qui forment nos jeunes aux valeurs d’individualisme, de performance et de compétition. Je ne souhaite tout simplement pas participer à cette “vaste entreprise de normalisation des masses” mais bien au contraire “cultiver l’enthousiasme” comme le dit si bien André Stern.

Ce qu’il en est pour nous

Je ne souhaite pas seulement que mes enfants sachent lire, écrire et compter. Ce n’est, pour moi, pas une course ni ce qui nous définit. Je souhaite qu’ils soient libres et heureux. Qu’ils soient humains et sachent faire preuve d’empathie, de créativité, de discernement, d’esprit critique envers le monde qui les entoure. Je souhaite leur offrir un espace dans lequel ils puissent être acteurs et responsables de leurs propres gestes, qu’ils soient conscients des actes qu’ils posent autour d’eux. Et chaque jour, je m’émerveille de les voir trouver par eux-mêmes des solutions à leurs problèmes, des idées, des formules. Cette confiance que j’ai en eux les accompagne et c’est grâce à la confiance que j’ai en eux qu’ils grandissent… en confiance.

Comment ça se passe alors?

Non, ils ne sont pas livrés à eux-mêmes du matin au soir. Ils ne sont pas non plus enfermés dans un placard. Ils ne jouent pas aux jeux vidéos toute la journée et ne sont pas seuls, sans amis… En fait, même si on parle d’école à la maison, il ne s’agit pas d’école et nous ne sommes que rarement à la maison. Donc, je n’emploierai pas ce terme en ce qui nous concerne.

Il n’y a pas une journée qui se ressemble et chaque matin apporte son lot d’idées et d’envies. Selon chacun, ce peut être d’aller marcher en montagne, construire le dernier modèle de Légo Technic, confectionner une robe de poupée, lire un roman, écouter des épisodes de C’est pas Sorcier, cuisiner, compter les sous de sa tirelire, se déguiser et combattre des dragons, écrire une lettre à une amie, faire une vidéo, prendre des photos, peindre, construire une cabane en carton, grimper tout en haut des arbres du jardin, s’inventer des histoires, écouter de la musique, jouer aux échecs ou au Bata-waf, faire une recherche sur internet, préparer une expérience scientifique, aller au lac, au musée, participer à une activité… Les idées ne manquent pas!

Et le lien “social” ?

En plus des activités en famille, nous avons la chance de faire partie d’un beau réseau de parents éducateurs que nous rencontrons chaque semaine pour des activités de groupe et les enfants sont ravis d’y retrouver leurs amis avec qui ils peuvent tisser des liens parfois très forts. Ce ne sont pas forcément des amis du même âge et c’est ce qui est enrichissant : cultiver la différence, l’apprentissage par la diversité. Cela rejoint la vision de Pierre Rabhi au sujet de la permaculture versus monoculture. Les plantes poussent dans un environnement varié et diversifié, elles ont chacune leur place et leur rôle à jouer et si on sectorise, compartimente, alors plus rien ne pousse. Selon lui, il est essentiel de “mettre l’humain et la nature au cœur de nos préoccupations”.

“C’est merveille de voir un enfant et une vieille personne cheminer et deviser ensemble. Ils représentent alors les deux extrêmes de la vie et, par là, sa cohérence et son caractère perpétuel. La modernité, en segmentant les âges et les séquences de la vie, a ainsi ajouté à la douleur des fins de vie.”

En conclusion

Unschooling, homeschooling, école à la maison, instruction en famille… Il n’y a pas de bonne terminologie pour définir la réalité que nous vivons, car elle est propre à chacun et évolutive. La seule chose qui nous définit est que nous avons choisi une alternative à l’éducation de nos enfants. Pourquoi? Parce qu’ils sont tous uniques, ils ont chacun leur propre rythme, leur propre mode de pensée, de raisonnement et d’appréhension du monde.

“Il est dans la nature des enfants d’apprendre. Pourtant, au cours de leur parcours scolaire, nombre d’entre eux perdent le goût d’apprendre. Une des explications de ce phénomène tient au fait que les rituels scolaires n’entrent pas en résonance avec le rythme de leur curiosité.” André Stern

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