Transmettre et maintenir des traditions
Ce que j’aime avec l’été, c’est que c’est aussi la saison des festivals. J’ai beau habiter un petit village, je ne manque pas une occasion de parcourir quelques kilomètres pour m’abreuver de cette ambiance festive et libre où l’on peut laisser tous nos sens en éveil…
Ecouter, regarder, sentir, toucher…
Quel bonheur de sortir de la maison et d’aller s’immerger, voyager!, le temps d’une journée ou d’une fin de semaine dans un lieu baigné de rythmes, de saveurs et de goût d’ailleurs! Pour un temps, l’esprit est en vacances et le quotidien de parents (presque) oublié. Il suffit de se laisser porter par la musique. Ici, du jazz manouche, là une fanfare balkanique, plus loin encore de la musique celtique… Les activités ne manquent pas et les enfants sont comme émerveillés devant tant de diversité culturelle.

Au Festival des Traditions du Monde de Sherbrooke, c’est comme si nous leur offrions le monde sur un terrain de soccer! En quelques pas, ils ont un aperçu de la culture traditionnelle de l’Asie, l’Amérique du nord, l’Amérique du sud, l’Europe et l’Afrique. Ce n’est certes pas représentatif, mais ces moment-là font place à l’imaginaire, à l’évasion, au voyage. Il suffit d’observer leur admiration devant un trio de femmes faisant une démonstration de danse orientale ou de les voir savourer pour la première fois des baklavas!
Nous nous promenons à travers les stands d’artisanat, fabrication de chapeaux, vêtements et costumes traditionnels, gastronomie, ateliers divers et mon goût du voyage n’en est que plus intense. Avec Margot, nous nous arrêtons un moment pour découvrir la pratique du darbouka, ce petit tambour d’origine égyptienne qui revêt son importance dans les pays arabes et qui rythmait un peu plus tôt les mouvements des danseuses. Un peu plus loin, nous assistons à une représentation théâtrale d’une troupe asiatique. De l’autre côté encore, c’est un groupe de musique irlandaise qui semble vouloir nous entraîner vers un Pub ou bien dans un autre on célèbre l’Oktoberfest, cette fête populaire connue dans les pays francophones sous le nom de fête de la bière. Sous un chapiteau, un drôle de personnage raconte des histoires venues d’ailleurs, un certain Empereur chinois Qianlong…
Tout cela est comme un tourbillon, un melting-pot étourdissant.

Et puis…
Et puis il y a les jeux gonflables. Incontournables. Et là je reviens immanquablement à la réalité, en notre belle époque où il semble qu’il faille distraire les enfants, coûte que coûte. Comme s’il n’y avait déjà pas de quoi les émerveiller dans ce bel endroit. Je retombe soudain sur terre lorsque mes enfants me tirent par le bras et que je doive me priver d’autant de sujets d’échanges et de discussions avec eux pour aller les surveiller, plantée debout dans un champ, pendant qu’ils sautent, grimpent, rampent, bondissent sur d’énormes chambres à air en forme de dinosaures…
What the F… ? Aurais-je loupé quelque chose?
Quel besoin avons-nous de vouloir distraire nos chérubins de la sorte? N’aurait-il pas mieux valu mettre l’accent sur davantage d’ateliers thématiques en lien avec le folklore, la danse, l’artisanat? Je suis comme perplexe. Qu’auront retenus les enfants de ce genre de manifestation… un grand parc de jeux? Pour les parents quelque peu soucieux et motivés, il aura fallu faire des compromis, se séparer, visiter seul pendant que l’autre “gère” ou bien couper la poire en deux et partager son temps entre les jeux et le festival… Nous avons pioché un peu dans tout cela.
Malgré tout, je dois vous dire une chose : une fois que les fameux “jeux gonflables” apparaissent, plus rien n’existe autour! Vous êtes prévenus…

Et aujourd’hui, quelles sont nos traditions?
Au regard de ce festival, je ne peux m’empêcher de me poser cette question : Quelles traditions souhaitons-nous transmettre à nos enfants? Dans une société qui prône et valorise l’hyper-consommation, l’individualisme, la compétition, l’argent et le pouvoir, que pouvons-nous transmettre à nos enfants? J’avoue qu’au retour de ce festival, j’étais un peu énervée en dedans, pour ne pas dire exaspérée (ou bien d’autres choses)… Et puis, comme j’en ai l’habitude en ce moment, j’ai remis les choses en perspective et je me suis rappelée que c’est à chacun de transmettre ses propres traditions. Lorsque je regarde autour de moi, je vois certes une société qui va mal, mais je vois aussi une culture riche d’histoire et de valeurs. Je vois une multitude d’organismes et de groupes qui se battent pour maintenir ces valeurs humaines et sociales. Et cela partout dans le monde. Alors je me dis que rien n’est perdu et que c’est à moi de faire perdurer ces traditions au sein de ma famille, tout en faisant la part des choses…
Le week-end prochain aura justement lieu le festival La Nuit du Pont couvert, à Gould. Un festival que nous avions fait l’année dernière et auquel nous assisterons, pour sûr, cette année encore! Je vous invite à le découvrir!
PS: A l’heure où j’écris ce post, je m’aperçois que la ligne directrice de notre nouvelle année de unschooling se dessinera sur le thème des traditions. C’est une bonne chose!
Crédit photos: Sabrina Lucas