Partir sur la route en camping-car
Cette année, nous avions planifié de passer nos vacances d’été sur la route, dans ce qu’on appelle un road-trip, à parcourir les Etats-Unis du nord au sud depuis Chicago jusqu’en Louisiane et de remonter “tranquillement”par la côte est. Ce voyage devait durer en tout quatre semaines, équipés d’un motorisé (un camping-car pour les européens, ou RV pour les américains). Pendant plusieurs mois nous avons préparé notre itinéraire, réservé quelques campings, téléchargé des applis pour du boondocking (stationnement chez l’habitant), calculé notre budget, acheté ledit véhicule que nous avons fait révisé puis aménagé.
Et puis nous sommes partis, un 7 juillet.
Confiants.
Laissez-moi vous raconter ce merveilleux voyage qui a mal tourné…
On jase, on rêve, et on concrétise
Je me souviens encore de ce jour où l’on s’est dit: “Et si on se faisait un road-trip l’été prochain?” A l’époque, nous avions dans l’idée de faire la transcanadienne, cette route interminable (7 821 km de long) qui relie 10 provinces du Canada en s’étendant d’un océan à l’autre. Un bien beau projet! Surtout que cette année, à l’occasion de son 150e anniversaire, le Canada offrait l’accès aux Parcs Nationaux gratuitement ! Seulement voilà, nous n’avions qu’un mois à y consacrer et nous aurions été pas mal dans les choux, il faut le dire. C’était trop court. Nous avons donc révisé notre itinéraire pour un autre de moins grande envergure. Quoique…
Rejoindre Chicago puis suivre le Mississippi en passant par Saint-Louis, Memphis, Jackson, Bâton-Rouge, La Nouvelle-Orléans et remonter par les Great Smoky Mountains, Washington DC et New-York. Pas moins de 6 000 km en tout! C’était faisable. Les étapes seraient courtes, certes, mais réalisables. Nous pourrions rouler parfois la nuit pour sauver des journées et passer plus de temps dans le sud. C’était notre projet. La Louisiane, j’en rêve depuis que je suis toute petite alors que je regardais la série Tom Sawyer à la télévision ainsi que l’histoire de Scarlett O’Hara dans Autant en emporte le vent. Suivre le Mississippi avait donc du sens pour nous. Et puis, aujourd’hui que nous vivons au Canada, le rêve est plus accessible. Alors, on jase, on rêve, et on finit par concrétiser.
Au printemps, on s’achète un vr (véhicule récréatif), après avoir longtemps débattu sur la meilleure option. Une roulotte (caravane) serait bien plus pratique une fois sur place. Cela nous permettrait, surtout dans les grandes villes, de circuler plus facilement. Oui, mais ça voudrait dire faire tout le voyage (et ça représente des heures et des heures) dans la voiture. On se disait que les enfants verraient peut-être moins le temps passer dans le vr à jouer aux cartes ou à autre chose. D’autant que ça impliquait d’installer/désinstaller la roulotte à chaque étape. Alors qu’avec le vr… on se pose, et c’est tout (ou presque). Bref… après quelques recherches, nous trouvons notre bonheur auprès d’un particulier, un homme à la retraite, qui revend le sien. A peine 75 000 km au compteur, toutes réparations faites (factures à l’appuie) et pile dans notre budget!
Le reste s’enligne, le trajet se précise et notre première étape sera les Sandbanks.
Planifier, c’est déjà partir…
Comment expliquer cet état dans lequel je me trouve quand je me plonge dans les préparatifs d’un voyage… C’est un subtile mélange de bonheur, d’excitation et de stress. Dans ma tête, je suis déjà partie. Mais dans la réalité, c’est juste une masse énorme de travail. Il faut tout prévoir, tout envisager ou presque. Il ne suffit pas de se dire : “c’est bon, on part!”. Il faut anticiper, prévoir les autorisations pour entrer sur le territoire américain en tant que français (ESTA), vérifier que nos passeports sont à jour, prévenir l’endocrino de Margot ainsi que prévoir des réserves suffisantes en insuline et fournitures, s’assurer, budgétiser le trajet, le coût de l’essence, la nourriture, les campings, restos et dépenses dans les grandes villes, visites et autres dépenses culturelles… Il faut faire les “bagages”, remplir les placards du vr, trouver une famille pour s’occuper de la maison et de nos chats pendant notre absence, préparer la maison pour recevoir cette famille… C’est énorme. Mais j’adore ça! Pourquoi? Parce que ça bouscule mon quotidien, ça me sort de ma zone de confort, ça m’ouvre de nouvelles perspectives, dont celle de partir à l’aventure!
Et quel bonheur de partir à l’aventure!
“Le plus beau voyage, c’est celui qu’on n’a pas encore fait!” (Loïck Peyron, navigateur)

De leur côté, les enfants s’imaginent déjà à New-York. Margot a très envie de faire les boutiques et nous regardons où nous pouvons aller sur Manhattan. On se prépare un carnet de bord, comme pour chacun de nos voyages, et j’imprime des cartes de nomenclatures sur les états des US, histoire de travailler un peu la géographie sur la route. C’est l’occasion de dresser une liste thématique autour du pays que nous allons traverser. Je me procure certains ouvrages comme le célèbre roman de Mark Twain, Les aventures de Tom Sawyer. Sans oublier mon auteur fétiche, Paul Auster, qui nous accompagnera dans ce voyage! Je prépare des jeux en anglais, dictionnaires, cartes, nous naviguons sur internet pour trouver des informations sur la route du Blues et les enfants essaient de se situer autour de ce projet.
Nous ne sommes pas encore partis que déjà nous apprenons beaucoup de choses!
Finalement, la date de notre départ approche et nous sommes pas mal prêts. Alexandre fait réviser le vr pour être certain qu’il nous lâchera pas aux premiers 200 km, et il installe une caméra de recul (très utile sur un véhicule de presque 30 pieds) ainsi qu’une radio (très utile aussi!). Tout semble ok. Nous l’avons testé quelques fois autour de chez nous, le moteur est en ordre et tout semble fonctionner.
Nous prenons la route en fin d’après-midi, direction Montréal puis l’Ontario vers les Sandbanks… Notre rêve devient réalité.
Crédit photos : Sabrina Lucas